A l’approche de l’Aïd El Kebir, les membres de la communauté nationale établie à Montréal (Canada) se retrouvent, en majorité, contraints de faire appel aux prestations des boucheries halal pour accomplir l’abattage rituel de leurs moutons
En effet, habitués depuis des années à effectuer le rituel de l’abattage de leurs moutons dans des fermes situées dans la périphérie montréalaise, les Algériens de Montréal n’ont plus la possibilité, ces dernières années, d’accomplir eux-mêmes l’abattage rituel comme le veut la tradition.
Et pour cause, elles sont aujourd’hui très rares, voire inexistantes, les fermes québécoises qui accueillent dans leurs locaux, comme elles le faisaient jadis, les familles algériennes pour le sacrifice des moutons. Les services agricoles et de santé du Québec leur en ont durci les conditions, tout en prévoyant de fortes amendes à l’encontre des contrevenants.
L’Aïd sous conditions sanitaires
En fait, il s’agit tout simplement de certifications vétérinaires exigées aux propriétaires des fermes et des abattoirs qui voudraient offrir le service d’abattage de moutons, pour assurer la salubrité des lieux et le bien-être des animaux. Ne pouvant pas toutes obtenir l’autorisation des autorités vétérinaires, ces fermes ont carrément renoncé aux activités d’abattage rituel pour les musulmans. Certaines, parmi ces fermes, qui ont enfreint le règlement ont été tout bonnement fermées et leur propriétaires fortement verbalisés.
« Il y a quelques années, je pouvais solliciter les prestations des nombreuses fermes situées à Chateauguay, à une vingtaine de Km de Montréal, ou de celles se trouvant à L’Epiphanie. Aujourd’hui, ces fermes ne proposent plus l’abattage rituel craignant les représailles des autorités québécoises », nous dit Ahmed. B, un Algérien installé à Montréal depuis plus de 20 ans.
Pour lui, ces fermes avaient l’avantage de permettre aux Algériens de se rencontrer pour célébrer l’Aïd El Kebir dans un esprit de partage, de solidarité et de convivialité, tout en prenant avec eux la carcasse du mouton le jour même du sacrifice.
L’Aïd des boucheries halal
« Tout cela a changé maintenant. Pour sacrifier un mouton, il faut le commander chez une boucherie halal, un mois avant la date de l’Aïd. La boucherie assure l’abattage de l’animal le jour du sacrifice au nom de son propriétaire et le lui livre le lendemain », explique Ahmed. Cette méthode, la plus utilisée actuellement par les membres de la communauté nationale, « est plus respectueuse des règles en vigueur dans ce pays et plus sûre en matière d’hygiène et de salubrité », avoue notre interlocuteur.
Quant à la disponibilité des boucheries, Ahmed affirme qu’elles sont une quarantaine à proposer ce service, notamment au quartier Jean Talon, où la majorité des Algériens y effectuent leurs achats alimentaires.
Cette année, les prix des moutons pour le sacrifice de l’Aïd ont connu une augmentation de l’ordre de 10 à 15 %. « Un agneau d’une vingtaine de kilos s’achète à 600 dollars, alors qu’il était à 500 dollars l’année passée », témoigne Ahmed. Et de préciser : « avec le taux de change actuel, un mouton nous revient à plus de 90 000 dinars, alors qu’au bled on peut l’acheter à 60 000 ou 70 000 dinars ».