Obtenir titres de séjour en France – En France, obtenir un titre de séjour est une démarche incontournable pour tout ressortissant étranger souhaitant résider légalement sur le territoire.
Mais si les textes de loi encadrant ce droit sont bien établis, leur application sur le terrain révèle parfois un tout autre visage, notamment dans certaines préfectures où l’accès aux services est devenu un véritable parcours du combattant.
C’est notamment le cas à Perpignan, où les témoignages de files d’attente interminables, d’incertitudes administratives et de frustration s’accumulent.
Obtenir titres de séjour en France : Trois matinées pour espérer un ticket
Selon l’Indépendant, chaque semaine, trois jours sont dédiés à l’accueil du public étranger à la préfecture des Pyrénées-Orientales, située dans l’hôtel d’Ortaffa à Perpignan.
Les lundis, mardis et vendredis de 9 h à 11 h, la direction de la citoyenneté et de la légalité reçoit les demandeurs… mais seulement une poignée d’entre eux.
En effet, seuls 50 tickets distribués chaque jour, quel que soit le nombre de personnes présentes. Une règle stricte qui crée de vives tensions et contraint les usagers à adopter des stratégies extrêmes pour espérer franchir la porte du guichet.
Mardi 15 avril 2025, au petit matin. Il est à peine 6 h 30 mais déjà des dizaines de personnes patientent dans le silence, rue Lazare-Escarguel.
Certaines sont là depuis 2 h du matin, voire depuis la veille. Dans cette file, des hommes et des femmes, venus de tous horizons, mais tous unis par un même objectif : obtenir ou renouveler leur titre de séjour.
Attente dans le froid et tensions sur la voie publique
Rachid, 59 ans, en est à sa seconde tentative cette semaine. Installé en France depuis 30 ans, il n’a pourtant pas réussi à passer lundi.
Arrivé ce jour-là à 6 h, il s’est heurté à une file déjà trop longue. Déterminé, il s’est présenté mardi à 2 h du matin. « J’ai pas dormi, mais je veux pas encore perdre ma journée », explique-t-il.
Comme lui, Jean-Paul, un jeune Guinéen de 22 ans, fait partie des premiers arrivés. Installé en France depuis sept ans, il renouvelle chaque année son titre.
Mais la pagaille ambiante, entre files désorganisées et usagers qui trichent en prétextant avoir attendu dans leur voiture, ajoute une tension palpable à l’épreuve. « C’est la guerre », résume-t-il, assis sur son tabouret pliant.
Une désorganisation imputée à une gestion délocalisée
Selon plusieurs témoignages, les choses se dégradent depuis que les dossiers ne sont plus traités directement à Perpignan mais à Montpellier.
« Avant, j’arrivais à 9 h et je passais. C’était fluide », se souvient Najat, éducatrice spécialisée, en attente d’une carte de séjour de 10 ans. Aujourd’hui, elle redoute que la lenteur du traitement de sa demande mette en péril son avenir professionnel.
« Je ne peux pas signer mon CDI sans mon titre de séjour. Si ça prend trop de temps, je vais perdre ma place. »
Des conséquences humaines et sociales lourdes
Au-delà de la procédure, ce sont des vies entières qui sont suspendues à un ticket d’entrée.
Le stress généré, les journées de travail manquées, les occasions professionnelles ratées ou encore le sentiment d’exclusion ressenti par ces personnes profondément intégrées au tissu social français, mettent en lumière un dysfonctionnement administratif aux conséquences humaines lourdes.
Aurélia, une Algérienne venue finaliser une demande de titre de séjour pour sa fille, en a fait les frais. Arrivée trop tard dans la file, elle devra revenir une autre fois.
Une épreuve de plus dans un processus déjà long et complexe. Pendant ce temps, Jean-Paul, ticket n°6 en main, ressort du guichet après deux minutes seulement.
« Ils m’ont dit qu’ils me rappelleraient. Maintenant, je vais dormir un peu avant d’aller bosser. »
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