En Italie, le système d’immigration fait l’objet d’une attention particulière, notamment en raison de la forte demande de titres de séjour de la part d’étrangers souhaitant vivre et travailler légalement dans le pays.
Cependant, une affaire récente met en lumière des pratiques douteuses au sein des services de l’immigration, mêlant corruption, favoritisme et intermédiation illégale.
Le commissariat central d’Imperia, dans le nord de l’Italie, est ainsi aujourd’hui au centre d’un scandale qui secoue les institutions locales.
Titres de séjour Italie : Une arrestation retentissante, un haut responsable de la police impliqué
Tout a commencé par une arrestation spectaculaire dans les rues d’Imperia, selon le journal lastampa.
Le commissaire adjoint Luigi Mingherlino, âgé de 58 ans, a été interpellé par la brigade volante alors qu’il recevait 5 000 euros en espèces des mains de Yelena Vtulkina, une ressortissante kazakhe de 46 ans.
Cette dernière est à la tête d’une agence immobilière, « Europa Italian Real Estate », basée à Sanremo.
L’échange d’argent, soigneusement documenté, s’est ainsi déroulé à quelques pas du commissariat central,
et les billets étaient soigneusement rangés dans une enveloppe accompagnée de documents relatifs à un dossier de demande de titre de séjour.
Une corruption visant à accélérer les démarches
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agissait pas ici de falsifier des documents ou de régulariser des situations illégales, mais plutôt d’accélérer les procédures administratives de délivrance des titres de séjour.
Le pot-de-vin remis par Vtulkina était destiné à faire avancer plus rapidement une demande de permis de séjour d’un citoyen russe,
sans passer par les délais habituels ni les files d’attente interminables qui paralysent souvent les services concernés.
Titres de séjour Italie : Une enquête de grande envergure dirigée par la procureure Meglio
Les arrestations de Mingherlino et Vtulkina ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
L’affaire s’inscrit dans le cadre d’une enquête approfondie dirigée par la procureure Veronica Meglio, avec le soutien de la brigade mobile de la préfecture de police d’Imperia.
L’enquête a permis de mettre en lumière un système bien organisé de corruption, impliquant plusieurs acteurs et visant à monnayer l’accès prioritaire aux services d’immigration.
Parmi les autres personnes suspectées figurent Andrea Riopi, policier au bureau de l’immigration du commissariat de Sanremo,
Fatima Samri, marocaine de 57 ans à la tête d’une agence de services aux étrangers baptisée « Faty », située elle aussi sur Corso Garibaldi, ainsi que Svetlana Ignatova, âgée de 55 ans.
Des perquisitions fructueuses et des saisies impressionnantes
Les forces de l’ordre ont procédé à des perquisitions ciblées, tant au niveau personnel que dans les locaux professionnels des personnes impliquées.
Ces opérations ont permis la saisie de 267 000 dollars en liquide, dont 133 000 dollars découverts chez Mingherlino.
Les agences de Vtulkina et de Samri ont également été mises sous scellés, confirmant la gravité de l’affaire.
Interpellés, Mingherlino et Vtulkina ont été conduits au commissariat pour un premier interrogatoire, mené en présence du procureur général Alberto Lari.
Une audience de validation des arrestations est prévue dans les jours à venir.
Un service d’immigration déjà sous le feu des critiques
Depuis plusieurs mois, le bureau de l’immigration d’Imperia est régulièrement pointé du doigt.
Les plaintes d’usagers, les signalements d’avocats et les tensions croissantes entre fonctionnaires et usagers étrangers étaient devenus monnaie courante.
Le service était notamment critiqué pour ses délais très longs, ses dysfonctionnements internes et parfois même son comportement discriminatoire envers certains demandeurs.
Titres de séjour Italie : Une enquête toujours en cours, de nouveaux noms pourraient émerger
D’après des sources proches du dossier, l’enquête est loin d’être terminée. La justice italienne envisage de poursuivre les investigations pour identifier d’autres personnes susceptibles d’être impliquées dans ce réseau de corruption.
Il n’est pas exclu que d’autres fonctionnaires, intermédiaires ou bénéficiaires de ce système illégal soient prochainement mis en cause.
Les autorités cherchent à déterminer l’ampleur réelle du réseau, la durée pendant laquelle ces pratiques ont été tolérées,
ainsi que les mécanismes de complicité entre les différents acteurs.
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